Werkenaandering.be

C’est sous ce nom que vous trouverez un aperçu des intentions de la Région flamande en matière de réaménagement du ring de Bruxelles et de ses environs.  Le site web présente des dizaines de projets, décrits souvent de manière pas trop claire, mais agrémentés de vues d’artistes idylliques.  De manière politiquement correcte les infrastructures cyclistes viennent en tête, suivies de celles du « ringtrambus » (sorte de gros autobus pataud qui se tortille autour des ronds-points à un train de sénateur), et enfin les routes, autoroutes, nouveaux parkings, et autres infrastructures routières.

Les auteurs partent du constat que tout n’est pas optimal sur ce ring.  On lui connaît en effet pas mal de problèmes d’engorgement et de sécurité, qui, soit dit en passant, lui sont inhérents : ces problèmes n’existaient pas avant qu’on le construise.

Sur cette base ils veulent réaliser sous un chapeau plus ou moins vert (on s’occupera bien des cyclistes) une série de réaménagements visant à en augmenter la sécurité et la fluidité (sic).

Le maître mot pour ces deux derniers thèmes est un dédoublement de l’autoroute sur la partie nord, la plus chargée (et encombrée donc) : on passe de six à dix bandes de circulation, sur quatre chaussées au lieu de deux.  Une augmentation de capacité de 67 % donc.  Lorsqu’on sait – toutes les études sérieuses le montrent – que la congestion routière est proportionnelle à la capacité des infrastructures, par un effet d’aspiration (augmentation de la demande), on ne peut qu’entrevoir des jours encore plus noirs pour les automobilistes.  Ceci d’autant que la capacité induite localement se heurtera immanquablement à celle du viaduc de Vilvorde, qu’on ne peut pas élargir !

Pour la sécurité on épinglera par exemple la refonte du carrefour Léonard.  Celui-ci est en effet accidentogène parce qu’on s’obstine à autoriser dans l’axe Quatre Bras – Notre-Dame-au-Bois le passage à 50 km/h (quatorze mètres par seconde) dans ce qui est en fait un angle droit.  D’où régulièrement des camions renversés.  Pour y remédier on élargira le rayon de courbure – merci la forêt de Soignes -, de sorte à donner à l’automobiliste l’illusion qu’il reste sur l’autoroute et non dans un échangeur.  On ne peut évidemment qu’en attendre une augmentation des accidents.  L’ensemble, présenté avantageusement sous le titre «ingraven» (traduit par encastrement), culminera en fait sous forme de deux viaducs.

Les cyclistes seront aussi portés au (septième ?) ciel, avec par exemple aux Quatre Bras de Tervuren un viaduc.  On sait que les cyclistes adorent les montées, surtout créées artificiellement pour le plaisir d’exercer leurs mollets.  Ironie mise à part, on n’est pas à une contradiction près : pour leur éviter une montée entre Léonard et Auderghem, on les mettra sur le viaduc des Trois Fontaines, le long de l’E411, pour le plus grand bonheur de leurs voies respiratoires.  Viaduc que, au demeurant, une autre région envisage sérieusement de démolir pour modérer le trafic.  Mais soit.

Il est vrai que l’ensemble fait la part belle aux véloroutes le long des autoroutes et autres voies à grande circulation (A12, E40, R22, …)  Certaines semblent intéressantes ; d’autres moins.  Pour appréhender leur succès, reste à voir dans quelle mesure les tracés correspondent aux besoins, qui ne sont pas les mêmes que ceux du trafic motorisé longue distance : les déplacements à vélo privilégient les zones habitées.  Et dans quelle mesure les montées et descentes (viaducs et tunnels), et le côtoiement, selon, de murs anti-bruit ou des gaz d’échappement auront la faveur des cyclistes.  Précisons, question transfert modal, que la capacité routière n’est aucunement réduite : peu de chances donc que les titulaires de SUV de société qui peuplent l’autoroute passent au vélo.

Un constat d’ensemble : de nombreux projets sont sortis de l’imagination des concepteurs, souvent contradictoires avec les objectifs affirmés parce que justifiés par l’un d’entre eux au détriment des autres.  Il n’y a aucune vue d’ensemble, cohérente, qui par exemple viserait à « verdir » la mobilité.

En effet, l’arbre ne doit pas cacher la forêt : en dépit d’une présentation soignant les cyclistes, on retiendra l’économie globale de l’initiative Werken aan de ring ; il s’agit avant tout d’un accroissement de la capacité routière par le biais d’un élargissement du ring, de l’aménagement de complexes de ponts et tunnels (appelés « complexes de trafic ») ainsi que de nouveaux parkings (appelés pudiquement « points mob »).

Des mesures simples, peu coûteuses voire gratuites, comme par exemple une limitation de vitesse à 80 km/h, qui augmenterait la fluidité du trafic et bien sûr la sécurité, ne sont pas envisagées. On a surtout l‘impression que l’objectif principal, plutôt que de trouver des solutions, est de faire des travaux.  Ceci, en substance, est la raison d’être des bureaux d’étude et le gagne-pain des ingénieurs qui y travaillent.  On peut les comprendre, mais ne pas oublier que s’ils sont là (la mission Werkenaandering) c’est à l’initiative des responsables politiques.

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